été 2021

Société me dévore dès le premier contact, mais je ne suis pas mort et je réponds sur Slack. Une voix de synthèse dicte la météo, je me sens plus à l'aise, j'entre dans le métro.

 
Le smartphone à la main 🤳🏻
 

Société me dévore
Dès le premier contact,
Mais je ne suis pas mort
Et je réponds sur Slack.

Une voix de synthèse
Dicte la météo,
Je me sens plus à l'aise,
J'entre dans le métro.

La forme topologique
De l'existence
Est un fermé compact ;
Cela peut déplaire,
Cela m'indiffère.

Société me saccage
À travers mon écran,
Je suis le singe en cage
Calmé par le néant.

Caddie abandonné
Sur le trottoir sauvage,
Téléphone sous le nez,
Commentaires, haine et rage.

 
 

Un soleil de gris neutre
Se répand sur la dalle.
Je m’arrête, tu t’installes
Sur la banquette en feutre.

Nous parcourons les temps d’une mutation brutale,
Pourtant il faut se plaire et il faut se faire mal.
J’essaie de justifier mon sentiment de vide −
Tu rédiges un message sur ton clavier liquide.

Le serveur africain
Serpente entre les chaises ;
Tu commandes une anglaise
En caressant le chien.

Flottant sur la terrasse, des paroles et des rires
Émergent à nos oreilles avant de se détruire.
Nous jouons, inconscients, parfaitement nos rôles
Quand nous nous séparons, la peur dans les épaules.

 
 

Les répliquants s'attroupent
Au bord de leurs écrans,
Il faut serrer les dents,
Alimenter la loop.

Je tapote un clavier
Hexagonal mobile,
Les répliquants dociles
S'appliquent à regarder ;

Les visages anonymes
Inondent la plateforme,
On dirait qu'ils ruminent
Une inquiétude énorme.

Les répliquants s'appliquent,
Le code est maîtrisable,
Le code est authentique ;
Les répliquants de sable.

 
 

Comme un entrepreneur
Qui vivote, qui a peur,
Je rallume mon ordi
En sortant de mon lit.

Semblable au growth-hacker
Qui sème la torpeur,
Je crée les courts-circuits
De nos clics ahuris.

Le cerveau s’ankylose,
J’attrape une dyshidrose,
Le sucre dans le café
Se dissout, disparaît.

Je me suis égaré
Dans un eldorado (tout faux)
Loin des jours de bureau,
Quelque part en été.

 
 

Je me reconstruis seul
Hors de la société,
Branche morte effacée.
Smile a little !

Je ne suis pas heureux
De vivre loin des gens,
Il reste les moments
De ciel bleu.

Quelque chose d’étrange
Détruit les relations ;
Il n’y a pas de raison,
C’est ainsi, tout s’arrange

Grâce aux êtres qui rangent,
La vie sur internet,
La coupure est très nette,
Allô mais oui mon ange...

Les doigts qui capitulent
Sur un écran tactile,
Je marche dans la ville
Et les voitures circulent.

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